Oroa avançait silencieusement dans les ruelles de la ville, suivi de près par les Spectres qui ne la quittait pas des yeux. La jeune ex-Amesha avait perdu tous ses pouvoirs lors de son combat contre le nouveau roi de Troie, mais elle n'était pas dupe, et si sa progression était plus lente, c'était aussi pour guetter les faits et gestes de ceux qui suivaient les Spectres depuis maintenant une petite demi-heure.
Le soleil pointait à peine au-dessus du paysage magnifique qui entourait la ville, ne laissant dans le ciel qu'un léger voile orangé qui allait tôt ou tard laisser place à un voile ténébreux.
Eraste, Gladius et Waltraute étaient les derniers du cortège, tandis que Ganymède, Lobo et Nexos entouraient les deux Juges. Chacun était à son poste, et guettait les mouvements des Soldats des Ténèbres qui fourmillaient autour d'eux. Mais Oroa était une excellente guide, et après une heure de marche silencieuse, ils arrivèrent enfin devant la façade Est du Palais de Salomon, siège du trône impérial Perse.
Oroa s'avança alors vers les gravures qui y étaient présentes, cherchant de ses mains une éventuelle ouverture, ou peut-être un interrupteur. Soudain, la jeune femme s'arrêta, sortît un petit couteau de sa tunique et se coupa le bout du doigt, retraçant avec son sang l'inscription en question.
Le signe persan se mît alors à briller d'une intense lumière bleutée, émettant un flash qui illumina un instant la ruelle déserte et fit apparaître une sorte de dôme noir. C'est à ce moment précis qu'une centaine de Soldats des Ténèbres jaillirent de tous les côtés, barrant les différentes issues des Spectres.
Un homme bondît d'un toit d'une maison, le ciel se noircissant au passage de son cosmos, un ciel sans étoile ni lumière qui peu à peu recouvrit la ville de Babylone sous les yeux effarés des Spectres.
L'homme enleva alors sa capuche et montra son vrai visage. Des cheveux mi-longs noirs comme l'ébène, une fine barbe, des yeux de prédateur de couleur rouge, une musculature comme celle des statues des temples... cet homme était un guerrier né.
Puis, deux autres individus rejoignirent leur chef, leurs capuchons déjà enlevés. L'un d'entre eux était un homme au visage balafré, un coup de sabre lui ayant sans doute pris son œil droit et une oreille gauche, alors que le reste de sa peau d'un teint très mat indiquait qu'autrefois, il devait être un beau jeune homme. Il avait également un tatouage en dessous de son œil gauche, représentant des sortes de cornes recourbées.
L'autre était un homme d'une belle prestance aux cheveux longs et épais qui formaient une sorte de crinière sur son crâne. Ils étaient de couleur bleu foncé, tout comme ses yeux bleus, d'une clarté incroyable.
Le Buffle sentît alors une main le faucher au sol, son cosmos incroyablement puissant le maintenant à terre sans que celui-ci n'ait besoin de forcer. Le Juge Astrélia avança vers l'homme en déployant sa cosmo-énergie, l'air menaçant, son regard violet dégageant une lueur mystique.
Les fils de cosmos créé par Astrélia foncèrent sur Gilgamesh qui ne bougea pas d'un poil. Les fils s'enroulèrent autour des bras et des jambes de l'Amesha, tentant de les faire bouger, hélas sans succès, ce qui surprît le Juge au plus haut point. Gilgamesh intensifia alors son cosmos et renvoya les fils sur le Juge, mais ce mouvement fît perdre du regard Gladius à l'Amesha qui en profita pour s'échapper.
Le coup de poing enflammé se logea dans la tête de l'Amesha qui le reçût sans sourciller, lâchant néanmoins le Spectre qui fît un bond en arrière. Les Soldats des Ténèbres sonnèrent alors la charge en fonçant sur les Spectres qui n'eurent d'autre choix que de contre-attaquer.
En un instant, une soixantaine de soldats des Ténèbres furent découpés, hachés, électrocutés et brûlés par les Spectres, tandis que Nexos et Suryo du Griffon aidaient Astrélia à se défaire de ses propres fils.
Une centaine d'autres Soldats des Ténèbres arrivèrent alors sur les lieux, ainsi que des Soldats Perses alertés par le tohubohu qui s'était fait entendre. Les Spectres durent se rendre à l'évidence, ils étaient faits comme des rats.
Le Juge du Garuda s'avança alors au-devant de ces Spectres, leur indiquant du regard qu'ils feraient mieux de ne pas se mêler de ce combat. Gilgamesh en fît de même avec ses hommes, ordonnant à ses disciples et aux Soldats des Ténèbres de ne pas bouger.
Aussitôt, les Perses sortirent des pièces d'argent frappées de la tête de l'Empereur et se mirent à parier sur combien de temps le Spectre tiendrait-il, combien de coups Gilgamesh lui assénerait-il avant qu'il ne meure, et même comment il le tuerait, mais jamais ils ne pariaient sur la possible victoire du Juge.
Gilgamesh fonça sur son adversaire le premier et mît toutes ses forces dans son poing droit qui fût bloqué sans peine par le Juge, à la surprise générale. Suryo regardait son adversaire, impassible, et ne cherchait pas à riposter.
L'Amesha tenta alors une seconde attaque qui eût le même effet que la première, et d'une simple pression du doigt Suryo fît reculer son adversaire qui enragea.
Gilgamesh enleva alors sa cape, révélant son Éon au Spectre. L'Amesha avait une armure constituée d'épaulières en forme de cornes tranchantes comme des lames de glaives, cornes qui se poursuivaient jusqu'au cœur du plastron, prenant la forme d'un visage marqué par la haine. Ses mains disposaient de gantelets où étaient entrelacés les deux morceaux d'une queue, avec pour le gantelet droit une terminaison fourchue. Les jambières, quant à elles, se composaient de bottes métalliques recouvertes de sortes d'écailles, avec sur le dessus de celle-ci des pattes de lézard ou d'une créature lui ressemblant dotée de puissantes griffes tranchantes.
Le Démon de la Haine cessa immédiatement son attaque en apercevant le Dieu-Empereur lévitant dans les airs. Les Soldats des ténèbres et les deux disciples de Gilgamesh, ainsi que Gilgamesh lui-même s'agenouillèrent instantanément, le cosmos du Démon s'évanouissant à l'instant-même.
L'Amesha invita de suite ses hommes à passer par le dôme noir créé par Oroa, regardant avec un regard noir le Juge qui l'avait toisé de haut, ainsi que les Spectres et la traîtresse qu'il déchiquetait du regard.
Ahriman resta ainsi seul devant les Spectres, avec derrière lui des milliers d'hommes qui n'osaient lever la tête. Le Dieu-Empereur regardait ses invités avec un étrange sourire teinté de mal tandis que les Spectres hésitaient à passer à l'assaut.
Le Dieu-Empereur s'envola de nouveau dans les airs, disparaissant dans les brumes obscures du ciel. Les Spectres restèrent un moment interdits tandis que les Soldats des Ténèbres se retirèrent progressivement en ricanant.
Puis, Suryo du Garuda entra le premier dans le passage créé par Oroa, ayant réchauffé le cœur de ses soldats grâce à ses paroles pleines de sagesse et son calme apparent qui devait cacher une puissante colère intérieure. Le Juge semblait être un guerrier d'exception, sachant se battre intelligemment et garder la tête froide en toute circonstance ; un meneur d'hommes tel que l'on peut en attendre d'un Juge en somme.
Il fût suivi de près par Astrélia du Griffon, plus jeune que Suryo en tant que Juge mais emprunt d'une logique implacable. Un calculateur qu'il serait difficile de tromper, capable de tirer les ficelles de ses adversaires, au sens propre comme au figuré.
Les autres Spectres entrèrent également les uns après les autres, d'abord Lobo, le prédateur froid et sans pitié, suivi par Nexos, un adolescent d'une force incroyable qui compense sa timidité par un grand sens des responsabilités, et enfin le groupe des Spectres ayant combattu à Troie : Ganymède le guerrier sans peur, Eraste le jumeau bafoué aujourd'hui remplaçant de son frère, Waltraute la rivale, amoureuse d'un homme qu'elle n'a jamais pu aimer, et le Buffle, le disciple orphelin.
Les Spectres suivirent dès lors un long couloir obscur, sans aucune lumière ni indication pour avancer, les guerriers du Sombre monarque devant suivre les divers courbes du mur pour avancer dans le chemin.
Ils débouchèrent pourtant dans une sorte d'antichambre funéraire, bardée de glyphes bleutés inscrits sur le mur, et qui ne correspondaient à aucune langue que les Spectres puissent connaître, hormis un seul, Astrélia du Griffon.
Les deux Juges se regardèrent un bref instant, comme soucieux de ces mystérieuses paroles, puis chacun d'entre eux se dirigea vers l'un des huit passages qui précédait l'antichambre.
Les Juges ne tardèrent pas à disparaître dans leurs passages respectifs, laissant les autres Spectres à leurs choix. Lobo prît pourtant un passage au hasard sans même regarder le Glyphe dans lequel il était entré.
Les Spectres regardèrent alors le passage qu'il avait pris, c'est-à-dire le sixième, correspondant à la Cruauté.
Le Buffle disparût à son tour dans le passage de la Vengeance, tandis que Ganymède emprunta celui d'à côté, correspondant à la Haine.
Eraste franchît quant à lui le seuil de la Corruption, Waltraute prenant celui de la Maladie et Nexos celui de l'Infection. Les Trois Spectres se regardèrent une dernière fois, puis Nexos souri à ses deux compères d'un sourire d'enfant, comme si les événements sanglants qui allaient avoir lieu n'allaient avoir aucune conséquence par la suite, ou peut-être parce que s'il venait à mourir, il voulait laisser une image heureuse de lui-même.
Les deux Spectres se sourirent un instant, leurs deux cœurs battant soudainement au même rythme. Waltraute entra la première dans le passage de la Maladie tandis qu'Eraste attendît un bref instant, troublé par les soudains remous de son cœur. Il ne voulait pas que Waltraute meure, tout comme il n'avait pas voulu la mort de son jumeau, mais était-ce la seule et unique raison ?
Au centre d'une vaste pièce circulaire semblable à une agora grecque se trouvait un trône de marbre noir avec, comme support, un large tombeau où était inscrit en persan : "Ci-git Salomon III, l'Empereur Sage, fils de Salomon II l'Héritier, mort à l'âge respectable de soixante douze hivers et régnant depuis ses vingt".
Assis sur le trône, le Dieu-Empereur Ahriman souriait d'un regard machiavélique, regardant fièrement l'homme qui était assis devant lui.
Ahriman se contenta de sourire lorsqu'il entendît la voix, tandis que Drakath se mît en garde, guettant les alentours pour trouver l'intrus. Il ne s'aperçut pas que l'air se fissura soudainement, et qu'un vortex violacé se créa, tandis qu'émergeait peu à peu la silhouette d'un guerrier.
L'homme aux cheveux noirs coupés courts et aux yeux bleus étincelants regarda le Dieu Ahriman et son serviteur d'un regard empli de haine et de fureur. Le cosmos du guerrier torse nu éclata au grand jour, faisant trembler la pièce jusque dans ses fondements.
Nikiolas du Wyvern bondît sur sa cible à une vitesse dépassant l'entendement, mais son geste fût bloqué par Drakath d'Adrammelech, qui décocha un coup de tête monstrueux qui mît fin aux intentions déicides du Juge.
Le Dieu des Ténèbres descendît majestueusement de son trône et se dirigea vers une vaste porte d'ombre qui s'évapora à son passage, avant de recouvrir de nouveau le passage, laissant Drakath d'Adrammelech et Nikiolas du Wyvern seul à seul, tels deux fauves prêt à se jeter l'un sur l'autre.
Aussitôt, Nikiolas du Wyvern croisa les bras vers le ciel et se concentra. Un flash de lumière violet apparût soudainement, dévoilant un totem de surplis on ne peut plus magnifique, représentant un magnifique dragon doté de puissantes ailes et d'un crâne squelettique à faire pâlir les plus braves.
Le surplis du Wyvern se détacha de lui-même et vint se coller aux différentes parties du corps de l'Oracle. Nikiolas devint alors définitivement Juge et sa force sembla se démultiplier au contact de son Surplis.
Ganymède de la Chimère suivît le chemin de la Haine sans dire un mot, mais son cœur, lui, pleurait le sang qu'il n'allait pas tarder à verser. La Chimère savait que vaincre Ahriman était une priorité absolue et qu'il devait par conséquent garder pour lui son chagrin provoqué par la mort de son ami.
Néanmoins, l'Étoile Terrestre de la Bravoure se remémorait les derniers instants qu'il avait passé avec son ami, ceux d'il y a une dizaine d'années environ. A cette époque, Ganymède, qui s'appelait alors Drixos, était en pleine formation avec Nergal, Pirithos, et bien d'autres qui étaient des élèves prometteurs, ceux qui des années plus tard formeraient une nouvelle génération de Spectres.
Leur formateur était Ptoléme, un vieil asocial d'une soixantaine d'années qui avait participé à de nombreuses guerres en ayant à chaque fois la chance de survivre. Il n'était jamais devenu Spectre, connaissant ses limites et préférant plutôt former les soldats pour les rendre aussi efficaces que possible sur le champ de bataille.
Ganymède se souvenait encore de son crâne quasi-chauve, brillant au soleil, et de son visage bardé de cicatrices de guerre, regardant ses élèves s'entraîner dès l'aube. Sa lance se trouvait à ses côtés et ses élèves savaient bien que s'il devait la prendre, ils passeraient à coup sûr un sale quart d'heure.
Nergal et Pirithos étaient toujours en rivalité et ne cessaient de se jauger pour savoir qui était le plus fort. Il faut dire que Nergal était un jeune Celte qui, malgré sa différence, était devenu très populaire, tandis que Pirithos, lui, n'avait jamais vraiment réussi à s'intégrer.
Drixos, lui, était un jeune Mycénien qui avait perdu son père, soldat, tout bébé. Sa mère s'était dès lors occupée de lui mais une grave maladie l'avait emportée. N'ayant aucune autre famille, on avait dès lors abandonné l'enfant à l'orée d'un temple, temple qui, bien que lui-même abandonné depuis des années, servait de refuge aux divers voyageurs. L'un d'eux le prît sous son aile et l'emmena au Nekyochoro, où il fût élevé par les Spectres.
Drixos grandît en se conformant à l'éducation, la coutume et l'entraînement spectral. Bien que son cosmos ne se développa que tardivement, il fût un guerrier hors-pair. Doué au corps-à-corps comme à distance, il apprît à maîtriser toutes les armes qui existaient. Il était très bon coureur, un excellent pisteur et personne n'arrivait à lever autant de rochers que lui.
Et puis un jour, un Spectre se présenta à lui. Il surveillait les faits et gestes du Spectre depuis plusieurs années, et voyait en lui son futur disciple. Drixos accepta l'offre, et partît avec lui juste avant l'Ascension des Enfers qui devait faire de Nergal l'Étoile Terrestre du Rongement. Il fit donc ses adieux à son ami.
Mais avait-il tenu cette promesse ? Drixos était parti avec Ganymède de la Chimère, l'Étoile Terrestre de la Bravoure, un Spectre totalement dévoué à la cause d'Hadès, loyal, et fier combattant. C'est pourquoi chaque Spectre de la Chimère était forcément un Ganymède, car chaque nouvelle Chimère abandonner son précédent nom pour épouser totalement sa nouvelle fonction de Spectre.
Drixos et son maître étaient ainsi partis pour l'Epire, une région hostile ou brigandage et tentative d'invasion étaient de rigueur, et le Spectre de la Chimère luttait comme un lion pour y faire le ménage. C'était la mission première de ce Spectre depuis des siècles. Mais contrairement à leur réputation, les Spectres ne sont pas immortels, et il y a environ cinq ans, une vieille blessure s'était rouverte dans le cœur de Ganymède, qui mourût peu de temps après, espérant que son surplis protège le disciple qu'il avait formé.
Drixos devînt alors, par le phénomène de Rémission des Surplis, Ganymède de la Chimère, et depuis sa réputation de guerrier devint sa priorité absolue, voulant tenir sa promesse auprès de son ami.
La Chimère répandit alors la mort dans les rangs des ennemis du Sombre Monarque, jusqu'à cette fameuse bataille où il stoppa par ses propres moyens une armée entière de barbares.
Aujourd'hui, le challenge auquel il allait faire face était plus qu'intéressant. Le meilleur guerrier de l'Epire allait affronter le meilleur guerrier de tout l'Empire Perse. Ce combat serait sans doute sans merci et il ne pourrait y avoir qu'un seul vainqueur.
Sans le savoir, Ganymède franchit une sorte de barrière invisible, le faisant pénétrer dans un autre temps, un autre lieu. La Chimère se trouva dès lors en face d'un immense champ de bataille, ou plutôt un monde en destruction, constitué d'un ciel étoilé, où ça et là, de vastes morceaux de terre flottaient dans les airs. Sur un petit rocher volant attendait Gilgamesh, les yeux rivés sur sa future victime et plutôt satisfait de voir de qui il s'agissait.
Ganymède, lui, stupéfait par le soudain changement de décor, s'aperçut également très vite que l'air était plus rare qu'à l'accoutumée, et aussi que ses jambes s'étaient alourdies. Il avança néanmoins sans gêne jusqu'à une vaste arche qui était liée à une espèce d'arène circulaire sans gradin.
Gilgamesh, lui, d'un seul bond, se retrouva au centre de cette arène, pourtant située une centaine de mètres plus loin.
Le poing du Spectre se mît à vrombir tandis qu'un cosmos orangé apparût autour de son corps. Le Spectre frappa alors le sol de l'arène de toutes ses forces, projetant une puissante onde énergétique qui ravagea l'arène, propulsant rochers et Démon de la Haine dans les airs, qui réussit pourtant à s'appuyer sur un autre rocher volant et à se projeter à une vitesse phénoménale.
Ses poings noircirent sous l'effet de leurs cosmos et l'un d'eux s'abattit en pleine figure du Spectre, qui lui fût littéralement expulsé hors de l'arène, brisant trois rochers volant sur son passage avant de s'enterrer sous l'un d'eux. La Chimère en ressortit pourtant sans dommage, si ce n'est un léger filer de sang sous le nez qu'il sécha aussitôt.
Le cosmos noir de Gilgamesh s'intensifia à un niveau impressionnant, le sol se brisa sous ses pieds tandis que de fins éclairs noirs entourèrent son corps. Gilgamesh croisa les bras et baissa la tête vers sa poitrine avant de libérer une salve de globes noirs en hurlant. Des centaines de globes noirs vinrent alors tournoyer autour de la Chimère et se positionnèrent à ses arrières, à sa droite, à sa gauche, au-dessus, en dessous, bref partout.
Ganymède vît ainsi que toute possibilité de retraite était exclue. Par ailleurs, chaque globe ainsi libéré semblait être très puissant, et le Spectre ressentait une puissante expression de haine dans chacun de ces petits globes obscurs.
Soudain, Gilgamesh, qui avait encore un globe dans ses mains, le fît brutalement disparaître en l'écrasant dans sa paume, marquant le commencement du supplice de Ganymède.
Le Spectre de la Bravoure sentît alors une vive douleur dans la jambe, puis dans le bras, puis dans la poitrine, et il s'aperçut que les globes d'énergie noire projetaient sur lui des faisceaux cosmiques noirs.
Ce fût dès lors une rafale d'énergie obscure qui vint frapper Ganymède, qui subît une pluie d'attaques équivalent à une centaine de coups de poings portés à une vitesse dépassant largement celle du son. Ganymède chercha à esquiver mais chacun de ses mouvements était inutile, la Chimère se trouvant prisonnier de cette terrible technique.
Le poing de la Chimère fendît de nouveau le sol, libérant une onde énergétique beaucoup plus importante qui fît basculer le Démon en arrière, alors qu'il était pourtant situé à une distance respectable de la Chimère.
Qui plus est, le flash de l'onde sonique aveugla le Démon, si bien que lorsqu'il vît que ses Affres de Haine et que le Spectre de la Chimère avaient disparus, tout comme le rocher où il se trouvait, il ne se douta pas un seul instant que le Spectre de la Chimère se trouvait, en vérité, juste derrière lui.
Ganymède décocha alors un monstrueux coup de pied sauté dans le dos de Gilgamesh, l'expédiant une centaine de mètres plus loin. Mais la colère vint finalement s'emparer du Démon qui revînt à la charge à une vitesse phénoménale, laisser à peine le temps à la Chimère pour parer le monstrueux coup de genou qui allait s'abattre dans son abdomen.
Les deux guerriers échangèrent alors une série de coups de poings et de pieds que l'un et l'autre arrivaient à parer aisément, tout en accroissant la vitesse de leurs attaques. Néanmoins, la Chimère commença à avoir le dessous, et ce fût finalement par un coup de tête placé dans son thorax que ce dernier s'envola vers d'autres cieux, n'atterrissant que sur un petit rocher volant qui suffisait à peine à le soutenir.
Ganymède se releva néanmoins, regardant son adversaire d'un regard de guerrier, ses yeux montrant toute la détermination et la combattivité qu'il avait ainsi qu'une puissante volonté de vaincre. Gilgamesh, bien que serviteur des Ténèbres, avait en lui le même regard, et les deux adversaires, qui s'étaient auparavant jaugés, savaient désormais qu'il faudrait user de toutes leurs forces pour vaincre.
C'est ainsi que l'Étoile Terrestre de la Bravoure et la Nébuleuse Démoniaque de la Haine intensifièrent leurs cosmo-énergie du plus haut qu'ils purent. La Chimère se retrouvait entourée d'une intense aura orangée à l'énergie extrêmement dense et mouvementée ; Gilgamesh, lui, était capable de créer autour de lui des faisceaux obscurs courbes qui tournaient autour de son aura noire, incarnant la Haine dont l'Amesha était le dignitaire.
Le Démon ne répondit pas sur le champ, mais la question de la Chimère le fît sourire, un sourire étrange, presque nostalgique.
Le cosmos accumulé par Gilgamesh libéra alors des milliers de globe de Haine pure, jalonnant la moindre parcelle de la dimension de la Haine, sous les yeux ébahis du Spectre de la Chimère. Qui plus est, chaque globe de haine avait doublé de volume et un fin arc électrique s'était formé sur chacun d'entre eux.
Un premier tir jaillit de derrière la Chimère, qui eût tout juste le temps d'esquiver le coup, mais le rocher sur lequel il se tenait fût pulvérisé par le globe. Ganymède s'accrocha alors en extrême urgence sur un morceau de pierre à peine plus petit, et d'un bond il se redressa sur ses jambes et bondît de quelques mètres en avant, arrivant sur un morceau de rocher de taille convenable.
Néanmoins, une pluie de tirs obscurs jaillirent de part et d'autre, et Ganymède dût sauter de rocher en rocher pour éviter les tirs plus lents mais beaucoup plus puissants que lors de la précédente attaque du Démon d'Asmodée.
Les tirs gagnèrent ensuite en intensité et en vitesse, et si Ganymède arrivait toujours à esquiver, il savait que le terrain n'était pas à son avantage, la gravité ralentissant sa vitesse. La chimère évalua alors pendant un bref instant la distance qui le séparait de son adversaire, ainsi que la topographie du terrain et l'emplacement des globes de Haine.
Ganymède esquiva alors un dernier tir et concentra son cosmos dans ses jambes, avant de s'élancer de toutes ses forces contre son adversaire, dépassant alors la vitesse du son en hurlant :
Le poing de Ganymède émit un puissant flash au moment où celui-ci heurta violemment le torse de Gilgamesh. Celui-ci souri pendant un bref instant, croyant que l'attaque de son adversaire avait échoué car le Démon d'Asmodée s'était empressé de bloquer le poing du mieux qu'il pût.
Qui plus est, Ganymède ne pouvait diffuser son onde de choc car il n'y avait aucun sol pour que son poing libère la puissance accumulée. Mais Ganymède libéra soudainement l'énergie accumulée sous la forme d'une puissante impulsion sonique qui propulsa Gilgamesh à travers la dimension de la Haine, en se fracassant contre tous les rochers qu'il rencontrait avant de les transpercer sous la force du coup porté.
Il finit enfin par s'écraser sur une immense montagne volante, montagne qui vît un énième flash illuminer ses flancs tandis qu'un très large impact s'était logé en son cœur. Ganymède, lui, fît une petite pirouette sur lui-même avant de se poser sur un rocher volant, ses deux pieds tenant à peine sur celui-ci.
La Chimère soupira un bref instant, n'osant regarder derrière lui. Il préféra s'étirer les muscles en commençant par les bras puis les jambes. Son cosmos, lui, restait à un niveau d'énergie assez élevé, et le Spectre restait sur ses gardes.
Je l'ai peut-être blessé, se disait la Chimère, mais certainement pas vaincu.
Et effectivement, la montagne où devait se trouver l'Amesha explosa sous la pression d'une énergie effroyable soudainement libérée. Une énergie obscure remplie de haine, remplie d'une force intangible qui fait perdre le contrôle à ceux qui l'utilisent, mais qui rend le détenteur d'un tel sentiment, pendant un instant, extrêmement puissant.
Gilgamesh était debout, son sang coulant sur sa joue, un rocher l'ayant sans doute égratigné lors de l'attaque de Ganymède. Mais hormis cela, aucune blessure sérieuse, et aucune fissure dans son armure de ténèbres.
En revanche, le Démon d'Asmodée semblait avoir perdu la raison, et dans chacune de ses mains étaient apparus de gigantesques épées d'ombres, semblable à des couteaux de géants. Mais le pire était à venir pour la Chimère, car autour de Gilgamesh, une dizaine, non une centaine de sabres de la même envergure étaient apparus, et la pointe de leurs lames indiquait tous la même direction : Ganymède de la Chimère.
Mais les yeux de Ganymède ne purent suivre les mouvements du guerrier Perse, et il ne pût que voir disparaître sa silhouette avant de voir le Démon juste en face de lui, le visage marqué par la rage et la folie.
Les Sabres du Démon s'abattirent sur sa victime, transperçant son corps de part en part. Le Démon frappait à une vitesse folle s'acharnant sur sa victime en le tailladant comme une pièce de viande, frappant encore et encore son corps qui ne saignait nullement et n'était nullement transpercé, bien que Ganymède sente pourtant les armes obscures lui taillader sa force vitale.
Néanmoins, le coup de Gilgamesh n'était pas fini, et d'un seul coup de pied, il envoya valser la Chimère contre les rochers, faisant subir à ce dernier ce que celui-ci lui avait infligé plus tôt.
La chimère s'écrasa finalement contre le sol abrupt d'un iceberg rocheux, le corps complètement endolori, le cosmos du guerrier ayant disparu, comme s'il avait été aspiré par les lames de Gilgamesh.
Mais le pire restait à venir, car le Démon d'Asmodée, qui avait lâché ses lames qui tournoyaient désormais dans les airs en s'envolant au-dessus de lui, se pointèrent une nouvelle fois en direction de Ganymède, tout comme des centaines d'autres lames situées derrière le Démon. Ce dernier souri alors tandis que ses yeux s'enflammèrent d'une cruauté sans bornes.
Le Démon d'Asmodée finit par lever le pouce en l'air en regardant la Chimère, avec une haine qui avait déformé son visage et montrant que le guerrier était devenu un monstre. Gilgamesh baissa alors le pouce, ses armes fendirent l'air, et la Chimère fût annihilée.
Une explosion de cosmos noir balaya le terrain, détruisant chaque rocher à au moins dix kilomètres aux alentours. Gilgamesh ne bougea pas, ne craignant pas sa propre énergie. Une lumière blanche émergea pourtant de l'obscurité avant que les Ténèbres ne s'emparent de la dimension de la Haine. Seul restait Gilgamesh, seul restait la Haine, symbole d'une nouvelle aurore, l'Aurore Ténébreuse.