Dans une petite chaumière de bois située dans le centre de la ville de Troie, le petit groupe de Spectres attendait depuis maintenant une heure le verdict du médecin troyen. Waltraute était restée auprès de celui-ci pour l'assister dans sa tâche, tandis que Gladius surveillait l'entrée de la petite habitation.
Les autres Spectres, quant à eux, discutaient déjà d'un plan pour pénétrer dans le Palais du Roi Malek, l'usurpateur Perse qui avait capturé la cité et la dirigeait d'une main de fer.
Au milieu de cette assemblée spectrale se tenait une jeune femme d'une vingtaine d'années, qui parlait un troyen ressemblant fort au grec traditionnel, mais dont certaines syllabes différaient ou signifiaient tout simplement autre chose.
Heureusement pour les Spectres, ils comptaient parmi leurs rangs un troyen de naissance, qui, bien que sourd, réussissait à traduire les paroles de la jeune fille par l'intermédiaire de Ganymède.
La Chimère, connaissant le Spectre des Érinyes depuis cinq ans déjà, le rencontrait de temps en temps dans la cité de Smyrne, et les deux hommes avait su nouer le contact à l'aide de leurs cosmos. Ganymède pouvait ainsi écouter, penser les mots de la jeune troyenne et les transmettre à Eckhär sans que celui-ci ne perde un mot des conversations des autres Spectres.
La jeune fille éclata alors en sanglots, devant les yeux peinés des Spectres assis autour d'elle. Seul Eckhär se leva et s'approcha d'elle, la dévisageant de ses yeux gris-bleu avec une intensité incroyable, ce qui calma aussitôt la jeune femme qui se sécha les yeux avant de reprendre son récit, mais cette fois-ci en ne lâchant pas Eckhär des yeux.
Les deux rivaux se regardèrent de travers, les poings serrés prêts à frapper, mais Gladius n'était pas d'humeur à se laisser emporter pour une simple querelle de ce genre. La vie de son ami en dépendait et il devait à tout prix l'aider. Le Buffle avança vers la chambre de Lokus, mais Waltraute s'interposa, l'empêchant de passer en faisant barrage de son corps.
La Spectresse passa par toutes les couleurs sous le coup de la colère et son poing droit se chargea d'éclairs sous les yeux effrayés du médecin et de sa jeune fille. Le regard de ces innocents troubla la jeune femme, ainsi que le regard inquisiteur de ses autres frères d'armes.
La jeune Spectresse bouscula alors violemment le jeune homme et sortît de la chaumière en trombe, sans son armure. Ganymède sortît à son tour afin de la surveiller, tandis que Gladius entra dans la chambre de Lokus, respirant un grand coup pour ne pas succomber au stress qui l'envahissait.
Il trouva la Panthère torse nu, le corps percé de toute part, la respiration faible et haletante, le visage trempé de sueur. Pourtant, malgré cela, Lokus était éveillé, regardant Gladius avec la même combattivité et détermination qui le caractérisait depuis toujours, ce qui rassura un peu le Buffle qui s'agenouilla au chevet de son ami.
"Je suis certain qu'il survivra", pensa l'Étoile Terrestre de la Corne, "un tel homme avec une telle volonté de vivre ne peut mourir pour de simples blessures contondantes. Ô Hadès, donnez-moi la force de guérir cet homme !"
Eraste, le frère de Lokus, se trouvait également présent au chevet de son jumeau, observant avec inquiétude et honte celui qu'il avait tant injurié et envié depuis plus d'un an, maudissant sa destinée autant que la vie de son frère.
La Panthère regarda tout à tour son frère et Gladius, respirant toujours aussi faiblement. Ses yeux changèrent soudainement d'expression, passant de la détermination à l'acceptation de son destin. Lokus acquiesça lentement la tête en signe d'assentiment.
Gladius fît apparaître une fine flamme sur son index et y concentra son cosmos afin de rendre la flamme aussi droite et fine que possible. Eraste, lui, se prépara à tenir son frère, les larmes aux yeux.
Le fauve émit un rugissement de douleur qui ébranla la petite chaumière troyenne et qui résonna à travers toute la cité, stoppant les passants l'espace d'un instant. Gladius refermait une à une les plaies de la panthère, maintenu par Eraste qui fermait les yeux pour ne pas assister au carnage.
Lokus ferma également les yeux, sans pourtant cesser de crier. Chaque brûlure que lui infligeait le jeune Gladius lui meurtrissait le corps et son cœur battait de plus en plus vite à chaque fois qu'une plaie se refermait. La Panthère respirait de moins en moins bien et ne tarda pas à perdre connaissance.
Mais le Buffle ne pouvait cesser de soigner ces plaies, aussi il intensifia son cosmos et tenta de le faire passer par les plaies avant de les refermer. Eraste eût alors l'idée de concentrer son cosmos au creux de son poing et de l'envoyer dans la poitrine de son frère, le faisant bondir de son lit en essayant de faire repartir son cœur.
Soudain, Waltraute entra en trombe dans la pièce et se joignit à Eraste, tandis que Gladius continuait son office, comptant dans sa tête les plaies qu'il lui manquait à refermer.
Lokus ouvrît alors soudainement les yeux en inspirant un grand coup, au même moment que Gladius finissait de refermer la dernière plaie de celui-ci.
Gladius sortît de la chambre le teint pâle, sous les applaudissements du petit comité spectral ainsi que du médecin et de sa fille. Mais le jeune Spectre n'avait pas la tête aux honneurs, aussi il sortît de la petite chaumière respirer un peu. Après quoi, il laissa le contenu de son estomac se déverser sur la place, avant d'être rejoint par son maître Nergal qui étouffa un rire en voyant son jeune apprenti dans un tel état.
C'est alors qu'un homme, sorti de nulle part et encapuchonné, se présenta devant les deux Spectres. L'homme semblait assez âgé de par ses mains ridées et son regard fatigué, mais les deux Spectres ressentaient au cœur de l'esprit du vieillard une force peu commune, avec sans doute une aptitude à user du cosmos.
Les deux Spectres suivirent l'homme dans la chaumière et le laissèrent s'asseoir sur l'une des chaises de bois du médecin. Celui-ci salua le vieil homme avec moult respect avant de partir avec sa fille, prétextant devoir aller chercher des victuailles au marché. Lokus sortît de sa chambre, le regard plein de vigueur, mais le corps encore las, si las qu'il devait être aidé par son frère et Waltraute.
Le vieil homme se leva avec difficulté et s'approcha du Spectre des Érinyes, visiblement troublé par le jeune homme. Celui-ci regarda Dactylos sans transparaître aucune émotion, se laissant toucher le visage par les mains usées de "l'Insoumis", qui s'assied profondément troublé, ne quittant pas des yeux le jeune Spectre.
Gladius s'inclina devant Eckhär en l'invitant à lui servir de bouche. Le Spectre du Buffle raconta alors l'histoire d'Eckhär au vieux Dactylos, qui écouta les dires du Spectre sans dire un mot, ses yeux s'écarquillant de temps à autres devant les révélations que lui faisait le jeune Spectre.
A la fin du récit, le vieil homme observa Eckhär sans dire un mot, réfléchissant un long moment sur ce Spectre qui se prétendait Roi. Dactylos se leva alors et se mît en face d'Eckhär, lui faisant comprendre par signe qu'il voulait converser avec lui seul à seul. Eckhär accepta en hochant la tête, et les deux hommes sortirent de la chaumière, laissant là les autres Spectres et toutes leurs interrogations.
Le vieil homme s'inclina ensuite devant Eckhär et repartit dans l'ombre d'une ruelle, tandis qu'Eckhär rejoignit ses compagnons Spectres. Gladius s'approcha alors de lui afin qu'il puisse transmettre au Spectre ce qu'ils s'étaient dits.
Les guerriers du Sombre Monarque remercièrent ensuite leurs hôtes, qui leurs indiquèrent le chemin le plus discret pour atteindre la place royale. Les Spectres se faufilèrent ainsi à travers les ruelles étroites de la ville, évitant tout contact avec la foule et les diverses patrouilles Perses qui grouillaient à travers la cité.
Ils arrivèrent ainsi sans encombre sur la place royale, où déjà le peuple troyen s'était rassemblé, entouré de gardes perses ainsi que de Soldats des Ténèbres qui encadraient les troupes et contrôlaient chaque personne qui entrait sur la place.
Plus loin se trouvait le Palais Royal, demeure immense et ancestrale, entièrement faite de marbre et soutenue à l'entrée par de multiples colonnes de pierre sur lesquelles étaient sculptés sur une centaine de mètres les rois principaux de la cité de Troie, de Tros le Fondateur à Tectaphos le Bienheureux. Sur la dernière colonne, encore en construction, des sculpteurs esclaves s'efforçaient de sculpter le nouveau Roi de Troie, Malek le Noir, aidés par les coups de fouet de plusieurs geôliers Perses.
Les Spectres s'infiltrèrent ainsi dans la foule, leurs urnes recouvertes de draps de tissu pour ne pas éveiller les soupçons, tandis qu'au sommet du palais, une ombre noire se posait sur le parvis de la salle du trône, repliant ses ailes de charognard avant de demander audience au Roi...
Ikhna de Rukh entra dans la salle du trône au moment où le Roi Malek s'apprêtait à aller faire son habituel sermon aux habitants troyens. L'état de l'Amesha suffisait amplement à expliquer ce qui s'était passé, aussi l'Immortel du Malheur s'agenouilla en face de son maître sans dire un mot, attendant les questions de celui-ci.
Ikhna se tût un instant, honteux. Mais le regard inquisiteur de Malek lui fît avouer le "pari" qu'il avait fait avec la Panthère et l'issue de celui-ci. Le Démon du Désespoir ne dit mot, mais ses poings parlèrent pour lui. Malek frappa son disciple de multiples coups dans l'estomac, avant de l'attraper par la gorge et de le lever hors du sol, les yeux remplis de furie.
Mais le Roi Noir serrait si fort la glotte de son disciple que celui-ci ne pouvait qu'émettre de petits sons aigus, ne pouvant formuler un seul mot. Il fallût qu'Oroa de Péri entre dans la salle pour que Malek desserre un peu son étreinte, sans pour autant lâcher Ikhna.
Malek de Bäal regarda Ikhna avec des yeux de fou, puis il l'envoya contre le mur de la salle du trône, se tournant vers Oroa tandis que le Rukh retrouvait peu à peu son souffle. Ses yeux se noircirent de haine et d'ombre tandis qu'il porta la couronne royale sur sa tête.
Il invita Oroa à le suivre, laissant le Rukh en retrait, bien que celui-ci suivît tout de même le Démon. Les Trois Ameshas descendirent ainsi une à une les centaines de marches qui les séparait de la bibliothèque Troyenne.
Le Démon émit un long rire maléfique en écoutant le plan sournois de sa disciple, puis il se retourna pour faire face au Rukh. Celui-ci s'agenouilla immédiatement en implorant le pardon de son supérieur.
Les trois Ameshas firent volte-face, regardant avec stupeur et colère le serviteur d'origine numide qui avait osé parler au Roi avec une telle familiarité. Le Rukh voulût se racheter de suite de l'outrage en fonçant sur l'esclave pour le décapiter de sa main gauche, mais une puissante aura noire émana soudainement du corps de l'esclave, dépassant tout ce que pouvait imaginer les Ameshas.
Les Ameshas furent encore plus surpris par le comportement de leur Roi, qui semblait presque apeuré par un simple esclave. Mais les rétines entièrement bleues de ce dernier et son puissant cosmos noir les convint de laisser le Roi seul avec ce mystérieux individu.
Ils veillèrent donc à laisser la bibliothèque entièrement vide, répudiant tous les serviteurs, scribes et soldats présents. Malek resta seul avec l'esclave et dès que les portes de bois de la salle se refermèrent, le Roi Noir s'inclina avec respect devant le numide.
Une enveloppe noire s'échappa alors du numide avant de disparaître dans le plafond de la bibliothèque. Malek s'approcha du numide qui n'eût guère le temps de profiter de sa liberté retrouvée. Le Roi Noir replaça ensuite sa couronne sur sa tête et rouvrît les portes de la bibliothèque, se préparant à recevoir les Spectres comme il se doit...
Les guerriers du Sombre Monarque s'étaient dispersés le long de la place lorsque les portes du Palais Royal s'ouvrirent. Là, un cortège militaire constitué d'environ une cinquantaine de soldats et de dignitaires sortirent et se positionnèrent le long des colonnades, face au public.
Puis, ce fût le tour du Roi Noir. Celui-ci apparût au public sous une robe de soie noir bardée de signes persans, tandis que sur sa tête était posée une couronne à double étage faite de diamants et autre matières précieuses.
Seul Nergal, Lokus et Gladius dévisagèrent le Roi Malek, celui-ci ressemblant trait pour trait au Démon de l'Angoisse Arsalàn qu'ils avaient si péniblement vaincu, au prix du sacrifice de Pirithos de la Fourmi. C'est donc avec des yeux pleins de surprise et de colère que les trois Spectres accueillirent Malek de Bäal, tout comme la population troyenne.
Le Roi Noir avança pourtant au-devant du peuple troyen, prenant place sur une large estrade, où, étendant les mains vers la population et surveillant les alentours, il commença à parler d'une voix forte et autoritaire.
Il veut retourner les Troyens contre nous... mais ça n'a pas l'air de marcher, pensa Gladius en observant l'absence de réaction de la population troyenne.
Les Troyens se mirent alors à huer le Roi Noir, certains protestant de vive voix, bravant ainsi les regards inquisiteurs des soldats et du Roi même. Soudain, le silence se fît devant la parole d'un vieil homme qui tenta de calmer ses concitoyens. Ce vieil homme était le même que les Spectres avaient rencontré un peu plus tôt : le Chef des Rebelles, Dactylos.
A ces mots, la foule d'Ilion s'enhardit et applaudit le vieux général, qui était un personnage emblématique de Troie et de la vie politique et militaire de la cité avant l'Invasion Perse. Le Roi lui-même émit un léger sourire amusé, tandis que les Spectres le regardaient avec stupeur, se demandant pourquoi Dactylos prenait de tels risques.
A ces mots, le peuple troyen s'enhardit de plus belle, applaudissant à grands renforts de cris de joie et d'invectives insultantes contre le Roi Noir. Mais c'était sans compter sur l'ombre noire qui voguait au-dessus de la foule.
Plongeant à une vitesse prodigieuse, l'ombre noirr grossis à vue d'œil et frappa d'un geste souple et précis avant de redécoller dans les airs vitesse grand V. Dactylos laissa alors échapper un jet de sang de sa gorge perforée avant de chuter au milieu de la foule, qui tendît instinctivement les bras pour recueillir ce grand homme tout en laissant échapper un cri d'indignation.
Seuls quelques spectres embusqués dans la foule avaient aperçu le commanditaire de cet acte outrageant, et Gladius enleva d'ailleurs le capuchon qui lui recouvrait le visage, prêt à en découdre avec l'Amesha qui venait de décapiter la rébellion troyenne. Mais une fois de plus, son maître retînt le Spectre du Buffle d'en faire davantage.
La serre tranchante du Rukh érafla alors la tête du Buffle qui fût violemment projetée en arrière par la Panthère, qui avait bondi sur son adversaire à une vitesse prodigieuse.
Lokus avait même eu le temps de décocher au Rukh un coup de pied dévastateur dans l'estomac avant d'attraper le Rukh par ses ailes et de le projeter contre les pavés de la place royale, maintenant l'Amesha à terre.
Cela avait eu pour effet de sauver le Buffle, mais les Spectres étaient maintenant repérés par le Roi Noir. Celui-ci jeta d'ailleurs un regard plein de cruauté sur la Panthère, qui avait perdu sa cape et son capuchon dans l'embuscade du Rukh, dévoilant son armure brisée par ses précédents combats.
Cette annonce du Roi Noir laissa les Spectres pantois, mais pas autant que l'explosion de cosmos noir délivrée par le Rukh qui expulsa Lokus, Gladius et Nergal dans les airs avant qu'ils ne retombent sur le sol quelques mètres plus loin, accompagnés d'une dizaine de troyens qui, n'ayant pas la force de Spectres, moururent sur le coup.
Ikhna voulût alors se diriger vers les Spectres, mais une dizaine de glaives s'élevèrent bientôt autour de lui, des troyens encapuchonnés enlevant alors leur marques d'anonymat pour se montrer tous en armes au Rukh.
Des centaines de personnes eurent le même réflexe, et bientôt, la place royale fût remplie de troyens en armes. Les Soldats Perses se regroupèrent alors autour des insurgés et tentèrent de les encercler, mais les Rebelles développèrent un cordon de sécurité qui permît aux femmes, vieillards et enfants de quitter la place, non sans panique.
Malek recula légèrement, surpris par l'attaque surprise des rebelles troyens, avant de lancer une vague d'énergie cosmique noire au beau milieu de la foule. Mais le Spectre des Érinyes, se débarrassant également de sa cape, bloqua l'attaque du Roi Noir sur le peuple troyen.
Découverts, les autres Spectres jetèrent à bas leurs capes et plusieurs flashs de différentes couleurs envahirent la place royale, dévoilant les guerriers du Sombre Monarque tous en armure, prêts au combat.
Les soldats Perses donnèrent alors la charge sur les Rebelles, tandis que ceux-ci se jetèrent sur le Rukh. Mais l'Amesha se débarrassa de ses assaillants en un seul coup, tranchant les têtes des insurgés qui roulèrent sur le sol.
La Panthère se jeta alors de nouveau sur l'Immortel et les deux adversaires roulèrent à terre, se donnant coups de poings et coup de pieds comme des bêtes enragées. Ikhna décocha néanmoins un coup de pied dans le ventre de la Panthère qui fût éjecté une fois de plus dans les airs, mais Lokus libéra son cosmos et retourna sur lui-même, son poing fendant l'air en délivrant les crocs de son surplis.
Le Spectre de la Force frappa alors le Rukh en pleine poitrine, mais Ikhna réussit néanmoins à attraper le bras de Lokus, ce qui limita la puissance du choc. Malgré cela, la Panthère qui jaillit du poing du Rukh eût raison de cette maigre résistance et une partie de la place royale se fissura, libérant une pluie de pierres.
Gladius, Nergal, Waltraute, Eraste et Ganymède, quant à eux, se jetèrent sur les troupes perses, massacrant les Orientaux un à un tout en progressant vers le Roi Noir. Celui-ci ne bougea pas d'un pouce, contemplant la bataille qui venait de débuter.
C'est alors qu'apparût Oroa de Péri, de la Nébuleuse Noire de la Tristesse, le second disciple de Malek, tout en armure. Elle portait un casque qui lui recouvrait entièrement le visage, sauf la bouche, et la faisait ressembler à une statue, tant son visage semblait inexpressif.
Son bras gauche était entièrement recouvert de plumes métalliques tandis que le droit était dépourvu de protection, si ce n'est un gantelet de métal, qui s'enroulait jusqu'à son épaule pour se terminer en une unique aile d'oiseau noir, recouverte de plumes tandis que les membranes de l'aile semblaient similaires à celles des chauves-souris.
Enfin, son plastron épousait parfaitement les courbes de son corps en protégeant essentiellement la poitrine et les côtes, rejoignant harmonieusement ses jambes qui, elles, étaient entièrement protégées par un alliage de métal noir et bleu et bardé de fins motifs persans.
La jeune femme regarda amoureusement son Roi dans un regard rempli de mélancolie avant d'intensifier son cosmos obscur, teinté de tristesse et de mal-être.
Aussitôt, l'Immortel de la Tristesse se mit à chanter une étrange mélopée funèbre. Sa voix angélique fit contraste avec la violence des combats qui cessèrent dès que la femme ouvrit la bouche.
Chaque personne alors présente se sentit envahie par la mélancolie et la voix, douce mais puissante de la jeune femme, semblait se diffuser à travers les cœurs. Gladius ressentit même le cosmos de la jeune femme entrer en lui.
Mais la chanson de la jeune femme fût troublée par les larmes de sang que commencèrent à verser de nombreuses personnes, en particulier les simples humains. C'est alors qu'Eckhär des Érinyes intervint.
L'Étoile Céleste de la Traque fît un bond extraordinaire, bondissant au-dessus des troupes perses qui entouraient le Roi Noir en atterrissant devant la Péri, la frappant au visage sans hésiter, ce qui mît fin au chant funèbre de celle-ci.
Malek, quant à lui, regarda Eckhär des Érinyes comme s'il avait vu un fantôme, et, sortant de sa poche un fumigène, il le lança devant lui et disparût dans un nuage noir.
Aussitôt, Eckhär brava la brume ténébreuse en fonçant vers les portes du palais, étouffant la brume à l'aide de son cosmos, mais Oroa de Péri se dressa devant lui, impassible. La jeune femme regarda Eckhär droit dans les yeux et intensifia son cosmos, sans aucun air de défi, laissant son cosmos mélancolique envahir son corps.
Waltraute, Nergal, Ganymède et Gladius montèrent les marches du palais et rejoignirent Eckhär, laissant derrière eux une trentaine de Perses, blessés ou morts. Les cinq Spectres regardèrent l'Immortel avec méfiance, mais celle-ci ne se sentît nullement offensée.
Les portes du palais s'ouvrirent alors, et Oroa s'écarta du passage, invitant les Spectres à entrer, à la plus grande surprise de ceux-ci.
Nergal et Gladius se regardèrent un instant, comprenant qui était réellement le Roi Noir, mais aussi le danger qu'il représentait, lui qui était du même sang qu'Arsalàn d'Abraxas. Les deux Spectres se tournèrent alors vers leurs camarades pour demander rapidement leurs avis.
Ganymède toucha alors le front d'Eckhär, mais celui-ci lui indiqua qu'il n'en avait pas besoin, et prît la parole.
Les autres ne répondirent pas, mais dans leur regard se trouvait la réponse qu'espérait le Spectre des Érinyes.
Gladius, Nergal, Ganymède et Waltraute franchirent alors le seuil du palais royal Troyen, s'enfonçant dans les ténèbres des hautes colonnes ioniques. Eckhär quant à lui se mît en position de combat, jambes tendues et bras près de la poitrine, les mains vers l'avant, prêt à pourfendre l'adversaire.
Oroa, quant à elle, ne bougea pas d'un pouce, son regard vitreux portant sur la place royale, où le sang commençait d'ores et déjà à couler entre membres de la rébellion et soldats du Roi Noir.
Au dessus d'eux, dans un déluge de coups et d'énergies cosmiques, la Panthère et le Rukh se jetaient l'un sur l'autre, rivalisant de vitesse et de force sous les yeux d'Eraste, qui entre deux victimes de ses lames spectrales, assistait impuissant à la lutte entre Ameshas et Spectres, tout en se faisant le défenseur du peuple insoumis, le peuple troyen.